Remi Merlen est le dirigeant la société Evadies, spécialisée notamment dans la surveillance des milieux et l’évaluation des risques sanitaires. Il évoque comment une analyse du risque sanitaire peut s’inscrire dans la continuité d’une étude d’impact olfactif d’un site industriel.

 

Pouvez-vous nous présenter Evadies ?

Il s’agit d’une société que j’ai créée récemment, en capitalisant sur l’expérience que j’ai acquise pendant 14 ans. A travers Evadies, je développe deux métiers distincts. Le premier est lié à la surveillance des milieux. Il s’agit notamment d’étudier, à partir de l’analyse chimique de prélèvements effectués dans l’eau, l’air, le sol, l’impact d’une activité industrielle sur l’environnement. Le deuxième métier vise à traduire l’impact de ces mêmes émissions industrielles sur la santé de la population tout en se servant des constats environnementaux. Aujourd’hui, ces deux thématiques sont indissociables et permettent de construire durablement le suivi des impacts d’une installation industrielle.

Comment développez-vous des partenariats avec Odometric ?

J’ai rencontré Julien Delva, qui est à la tête d’Odometric, il y a huit ans. Au fil des années, nous avons pu nouer des liens professionnels et personnels forts. Nos métiers respectifs sont parfaitement complémentaires. Evadies peut intervenir en amont de l’analyse des odeurs, sur la partie environnementale, ou en aval sur la partie sanitaire.

En France, c’est dans le cadre générique de constitution de dossier d’autorisation ou de mesures de la qualité de l’air, que je peux faire appel à Odometric. Dans le cadre de sources industrielles spécifiques, les nuisances olfactives constituent le noyau central des chapitres des arrêtés préfectoraux liés à la qualité de l’air. Dans ce cas, la thématique sanitaire arrive souvent en aval d’un contexte de plaintes en matière d’odeur. Odometric, qui intervient sur l’analyse des odeurs, fait alors appel au service et à l’expertise d’une société comme la mienne.

Quels liens entretiennent les odeurs et la santé ?

Une odeur est le fruit d’un cocktail de polluants présents dans l’air. L’analyse chimique d’une odeur exige de mener des analyses sur un spectre très large de composants, pour en déterminer l’origine mais aussi la composition. Toutefois, ce n’est pas parce qu’une odeur est ressentie qu’il y a forcément un risque sanitaire. Tout comme il peut y avoir des risques pour la santé sans que la moindre odeur ne soit ressentie.

Les relevés effectués à l’émission ou dans l’environnement par Odometric sont souvent une source majeure d’informations permettant d’orienter le choix des traceurs de risque et aussi d’orienter la stratégie d’une surveillance environnementale. Si, lors de l’analyse, la présence de certains éléments laisse penser qu’il pourrait y avoir un risque sanitaire, Odometric recommandera de pousser l’analyse afin de l’évaluer. Les études du risque sanitaire ne se concentrent généralement que sur un nombre plus limité de composants, ceux présentant un risque pour la santé. Parallèlement, l’analyse sanitaire va nécessiter une extension des prélèvements à d’autres media environnementaux tels que le sol ou les eaux ou à d’autres paramètres analytiques tels que les métaux non pris en compte dans les études olfactives.

L’odeur, en somme, peut être un indicateur d’une éventuelle exposition à risque sanitaire ?

Oui, ce peut être un bon indicateur dans un contexte donné. Cependant, le fait qu’une odeur soit ressentie plus ou moins fortement ne signifie pas forcément qu’il y ait un risque pour la santé. La simple présence d’un élément particulier, décelé suite à une analyse des odeurs et considéré comme pouvant être néfaste pour la santé, ne permet pas non plus de conclure à un risque sanitaire. Par exemple, le sulfure d’hydrogène, qui peut être rapidement décelé par l’odorat à une concentration relativement basse (30 microgrammes par m3) ne constitue pas à lui seul un risque pour les populations lors d’une exposition de courte durée. On considère en effet qu’il intervient au-delà de 100 microgrammes par mdans ces conditions. A l’inverse, l’absence d’odeur ne permet pas d’exclure la possibilité d’un risque sanitaire pour la même molécule sur des durées plus longues. Pour une exposition de l’ordre d’une année, 2 microgrammes par m³ suffisent.

C’est en cela que, en complément à une analyse des odeurs, une étude des risques sanitaires peut être nécessaire.